La cage aux Folles

Libère ta parole! Cet espace est dédié aux femmes et personnes LGBTQ2S+ du Québec et ailleurs au Canada ayant vécu l'hospitalisation forcée en psychiatrie. Ouvert à quiconque intéressé à partager sur un sujet thématique. Free your voice! This space is to document forced hospitalization in psychiatry of women and LGBTQ2S+ communities across Québec and Canada. Open to everyone as well that want to share on a similar subject.

  • I am not sick, I’m just deeply hurt. People take my words as a sign of insanity confusing them with sadness. I’m just hurt and sad. That’s all. How can I forget the past or at least forgive the people who hurt me? Answers are what I need but the universe keeps me from getting any. I need to focus on myself but my self depends on others.

    Merci pour ton témoignage. Non censuré. / thank you for your shared experience. Uncensored.

  • Je me souviendrai toute ma vie des yeux de ma fille le jour où elle est arrivée chez moi lors de sa descente dans l’abîme. Les grands yeux bleus, sans vie, retombant comme le désespoir sans fin, sans nom, sans mot pour le décrire.

    Ceux-ci sont le miroir de son âme! D’habitude si grands, si brillants et si expressifs….. Tout s’est éteint.  La fêlure qui s’est immiscée en elle depuis quelques années est devenue une fracture où le noir s’engouffre.

    Plus de lumière. Que le néant. Plus de cet élan de vie…..et pourtant, l’inconscient semble avoir le dessus, la rendant divagante et effaçant toute trace de retenue. Qui prend le dessus?

    Puis, la peur m’étreint. Qu’ai-je fait? Moi sa mère….. Ou que n’ai-je pas fait?

    Mes yeux scrutent toujours ses yeux…… Les réponses tardent…..  

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  • Me faire dire que je suis repoussant, jusqu’à ce que j’y crois. Pourtant c’est un mensonge.

    Mais personne ne me corrige, ne me rassure.

    Saboter les nouvelles relations, fuir les rencontres, dire « non ». Éviter de se faire mal. Je ne me suis jamais fais rien d’autre que mal, après tout. J’me dis… c’est raisonnable, tout ça. Que je fais « bien ».

    J’en viens à me comparer à un mannequin vide, à une forme vaguement humaine. À une personne en prison, n’ayant pas commis de crime, mais qui se sent tout de même coupable. Je dois avoir ce que je mérite, que j’pense.

    On ne me corrige pas.

    J’en viens à le cacher si bien que les gens me disent « Oh, tu as l’air bien ! », alors que je crie à l’intérieur.

    Et un jour, on se rencontre.

    Elle… elle me voit, mieux que moi-même je me vois. Elle me dit que je suis beau, et je la crois. Je choisis de l’écouter, en opposition à tous ces autres.

    Et avec le temps, elle me confie que les autres lui ont également fait du mal.

    Quand je prends le risque de lui dire « Je t’aime », c’est aussi une déclaration à moi-même que je suis prêt à commencer ma guérison.

    Peut-être, ensemble, a-t-on une meilleure chance de guérir. 

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  • Je viens d’une famille traditionnelle où tout ce qui a trait à la maladie mentale est resté longtemps de l’ordre du non dit ou du refoulé, voire même de l’indicible. Pierre c’était le chêne, le grand frère qui me dépassait toujours de ses six pieds, le redresseur de torts ! Quand il piquait des saintes colères en public contre les crosseurs ou les resquilleurs de tout acabit qu’il accablait d’insultes, on mettait ça tout de suite sur le compte de sa grande sensibilité et de son sens absolu de la justice.  Avec sa grande intelligence, il ne supportait surtout pas qu’on puisse le prendre pour un con. Ça non!  Ce qui fait que le jour où il m’avait donné rendez-vous pour boire une bière locale dans le bar mythique de la rue Beaubien, chez Roger à Montréal, et alors que j’étais de retour de Colombie-Britannique où j’habitais depuis déjà un bout et que je l’ai vu dans un état pas possible – que ma culture familiale m’empêchait de nommer comme état de détresse, alors que pourtant j’ai su tout de suite mais comme sans le réaliser concrètement, au sens d’un sentiment d’urgence poussant à agir, que ça n’allait décidemment pas du tout en fait, mais puisque tout allait finir par se régler comme d’habitude, j’ai refoulé tout ça et suit reparti vers l’Ouest en en parlant un peu à des proches puis sans trop y penser et le temps a passé. Pourtant, quelque chose de grave était arrivé dans sa vie – quelque chose qu’il n’a jamais cependant mentionné explicitement pendant toute cette conversation ou plutôt ce monologue qui ressemblait plus à une explosion de désespoir et de colère -, quelque chose qui détruisait sa vie et dont il attribuait la responsabilité lointaine mais certaine et absolue à sa mère, la mienne, la nôtre, dont il avait peut-être plus qu’aucun d’entre nous, parce qu’il était l’aîné et comme un paratonnerre, subi les crises de colères et de méchanceté depuis l’adolescence, c’est-à-dire des décennies, et alors que des problèmes graves de santé mentale non décelés et non diagnostiqués chez elle étaient réduits à une affaire de caractère et donc de fatalité! J’avais cru que lui, le chêne, admettait implicitement une fragilité inacceptable pour lui au point de ne jamais l’avoir même partagé avec ses amis d’enfance toujours là autour pourtant qu’il appelait ses frères tant l’idée de la stigmatisation liée au mot qu’on ne dit pas était pour lui pire que la mort comme je l’ai su trop tard comme j’ai découvert longtemps après que ce blâme contre la mère était vraisemblablement un reproche lancinant pour la perte impensable et inimaginable de ”l’amour de sa vie”, le seul, l’unique et l’absolu, avec la femme adorée qui était son havre et son refuge irremplaçable et qui donne au lieu commun le poids d’une sentence.

    Un jour, comme en passant, il m’a proposé de communiquer par Skype pour se donner des nouvelles, mais malentendu fatal résultat d’une mauvaise communication, ça ne s’est jamais fait alors que je n’étais guère branché et que je ne voyais pas vraiment l’utilité de me servir d’un moyen me semblant pour rien compliqué et représentant peut-être un coup supplémentaire inutile alors que j’avais déjà un bon plan interurbain provincial pas cher avec une compagnie de téléphone. Mais il semble bien que je ne lui ai jamais transmis le message ni que lui n’a réussi à me faire comprendre que ce n’était pas sorcier.  Et il y a eu le jour fatidique où pour la première fois de ma vie, j’ai entendu au téléphone mon papa sacrer alors qu’il m’annonçait une nouvelle dont j’avais la certitude qu’elle ne pouvait concerner que ma petite sœur qui, elle, était ”fragile”. Mon grand frère et modèle qui avait fait de moi l’intello et mélomane que je suis alors que lui avait décidé des chemins plus sûr en faisant HEC et donc marketing plutôt que les lettres ou l’art pour ne jamais connaître la précarité, qu’il a pourtant connu, crise oblige et coupure bureaucratique des froids gestionnaires gouvernementaux qui ont eu pour effet de saboter une carrière qui avait commencé d’une façon brillante qui ne laissait aucunement envisager les sacrifices et les renoncements à venir qui allait saboter ses finances, sa vie sentimentale et finalement sa sanité générale. En fait, je n’ai jamais pu reprendre la conversation du bar et poser enfin les questions à poser ou simplement écouter les choses qu’il aurait pu partager avec moi alors que j’étais peut-être la seule personne et le seul gars avec lequel et devant lequel il n’avait rien à cacher et pouvait faire tomber l’armure de l’amour-propre qui l’a fait se peinturer dans un coin plutôt que d’aller chercher une aide extérieure considérée comme dégradante.

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  • They fucked with my medication

    They fucked with my brain

    They fucked with my body

    Oh did I forget to tell you what I meant by « fucked »?

    I meant « rape »

    But I can’t say that word

    I am not allowed as a woman with a supposed mental illness

    Everyone can control me without my consent

    That’s what I call rape.

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  • Deux jours. Je suis restée deux jours enfermée sans sortir dehors. Deux jours en observatoire à regarder les autres défiler alors que moi je restais enfermée. C’est illégal mais pourtant bien praticable. J’y ai vécu des symptômes de désillusion, de perte de sensations. Jamais je n’ai eu de réponses. Les autres ont pu sortir, mais pas moi. Après ces deux jours de calvaire, je suis allée à la cour. C’était le 24 décembre 2019. Mon corps criait. Je n’arrivais pas à prendre l’ascenseur. C’est à peine si on me laissa le temps de respirer dehors entre la ride de taxi et mon jugement à la cour dans ce bâtiment de béton. On me dit de lâcher l’affaire pour négocier à la baisse mon temps de séjour à l’hôpital. Je m’y résignai et il fût coupé de moitié sans, toutefois, qu’on compte ces deux jours atroces en observation. En observation, je fus la seule à être enfermée pour une aussi longue durée. Deux jours sans sortir dehors, sans respirer l’air, sans souffler de la boucane de carbone, sans ressentir le vent, bref, sans être réellement moi. Mon corps en est encore marqué. J’ai des résidus de symptômes encore présents. Je peine à écrire ce que j’ai vécu, car les souvenirs sont trop forts pour les accepter comme étant les miens. Je suis dans le déni. J’ai trop mal.

  • Je n’ose même plus écrire de peur que mon intimité soit dévoilée. Maintenant, je ne vivrai que d’images en espérant devenir immuable comme l’une d’elle. Le mouvement me trahit, enfoui en moi, je ressens le désir de bouger. Je dois rester stoïque, sinon ils vont me dénoncer. La peur d’être moi s’insinue jusque dans mes os. De marbre, je reste. De marbre, je suis. De marbre, je tire. Me voilà libérée. Je peux redevenir volatile, ils ne m’ont pas attrapé. La mort les a déjoués.